Mon opposition à la proposition de transformation de la MMAS en mission onusienne
La proposition de l’ancien ministre des Affaires Étrangères d’Haïti, Bocchit Edmond, visant à transformer la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) en une mission de maintien de la paix des Nations Unies, bien qu’intentionnée, soulève plusieurs préoccupations majeures et mérite un examen critique.
Tout d’abord, une telle initiative risque de miner davantage la souveraineté nationale d’Haïti, en accentuant la dépendance du pays vis-à-vis des acteurs internationaux, consacré par l’article 2, paragraphe 1, de la Charte des Nations Unies et l’article 1 de la Constitution haïtienne.
L’histoire récente d’Haïti nous rappelle que les missions onusiennes précédentes, bien qu’apportant un soutien temporaire, n’ont pas réussi à instaurer une paix durable ni à renforcer de manière significative les institutions haïtiennes. De plus, ces missions ont parfois été entachées de controverses, notamment en ce qui concerne les violations des droits humains et les atteintes à la dignité de la population haïtienne, ce qui est contraire aux principes de la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Constitution haïtienne.
Ensuite, il est essentiel de souligner que la solution aux problèmes d’insécurité en Haïti ne réside pas uniquement dans le recours à des forces extérieures, mais plutôt dans le renforcement des capacités des institutions locales, conformément à l’article 32 de la Charte des Nations Unies et l’article 15 de la Constitution haïtienne. La véritable solution passe par le renforcement des capacités des forces armées et de la police haïtiennes, ainsi que par l’investissement dans la formation, les équipements et la gouvernance de ces institutions. Ces dernières, bien qu’affaiblies, représentent le seul moyen viable pour garantir une sécurité pérenne et adaptée aux réalités du pays.
De surcroît, la transformation de la MMAS en mission onusienne pourrait exacerber les tensions internes et accroître la méfiance de la population envers les autorités. Une telle décision pourrait être perçue comme une incapacité du gouvernement à gérer ses affaires internes, alimentant ainsi la frustration et le ressentiment populaires. L’appui de la communauté internationale devrait plutôt se concentrer sur le soutien technique et financier aux initiatives locales, en favorisant une approche inclusive qui implique la société civile et les leaders communautaires.
En conclusion, bien que la situation sécuritaire en Haïti soit préoccupante, la transformation de la MMAS en mission de maintien de la paix onusienne n’est pas la solution appropriée. Il est essentiel que les efforts se concentrent sur le renforcement des capacités nationales et sur une approche centrée sur la souveraineté et l’autonomie du peuple haïtien. Il est temps de privilégier des solutions durables qui respectent la dignité et l’indépendance d’Haïti, plutôt que de recourir à des interventions extérieures qui, comme le montre l’histoire, ne parviennent pas à résoudre les problèmes à leur racine.
Josué JEAN
Diplomate, Licencié en Administration, INAGHEI-UEH
Etudes en Relations Internationales, INAGHEI-UEH
Master en Management, Saint Thomas University-Miami (STU), Florida
Master en Economie, Florida Atlantic University (FAU)-Boca Raton, Florida
Exécutive Master en Politiques Publiques et Développement-Université Internationale de Rabat (UIR)
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