Ce 7 juillet 2203 ramène le deuxième anniversaire de l’assassinat du président Jovenel Moise, en sa résidence privée, à Pèlerin 5. Deux ans après, le dossier traine encore en Haïti alors qu’aux États-Unis où des poursuites sont également engagées contre des suspects, l’affaire suit tant bien que mal son cours avec notamment l’unique condamné, à ce jour, le nommé Rodolph Jaar.
En Haïti, les invités défilent dans le carré du juge Walter Wesser Voltaire en charge de ce dossier. Des anciens opposants au défunt président tels que Nenel Cassy, Antonio Chéramy, André Michel ont été auditionnés dans le cadre cette affaire. L’homme d’affaires Edouard Baussan, l’ancien Premier ministre Jouthe Joseph, l’ancien ministre des Travaux publics, Joazeus Nader et le directeur exécutif du Réseau national de défense des droits humains ( RNDDH), Pierre Espérance ont déjà répondu aux questions du magistrat instructeur.
À ce jour, aucun officiel en fonction n’est encore auditionné dans le cadre de cet assassinat. Les informations ont laissé croire que le Premier ministre, Ariel Henry, aurait dû être également entendu par le juge. À date, aucune invitation officielle n’a lui été adressée. Dans une ordonnance en date du 6 juillet, adressée au gouvernement près le TPI de Port-au-Prince, le juge instructeur lui a demandé de solliciter auprès du gouvernement la mise à disposition du ministre de l’Économie et des Finances, Michel Patrick Boisvert et celui de la Planification et de la Coopération externe, Ricard Pierre, le directeur général de l’ ANAP, Jeantel Joseph, le directeur général de la DINEPA, Guyto Edouard ainsi que le directeur général du ministère de l’Intérieur et des Collectivités territoriales, Amos Zéphirin.
Pour sa part, le Centre d’analyse et recherche en droits de l’homme ( CARDH) dit constater que, deux ans après l’assassinat du président Jovenel Moïse par des mercenaires colombiens et des ex-agents des services secrets américains, aidés par des unités de la sécurité présidentielle, la justice haïtienne fait du surplace. Pas moins de cinq juges d’instruction ont déjà été désignés à tour de rôle pour instruire le dossier. «Les quatre premiers avaient chacun une raison pour s’en dessaisir. Le dernier, Walter Wesser Voltaire, dont le délai d’instruction est arrivé à terme depuis le 30 octobre 2022, décide de garder le dossier, en violation de la loi sur l’instruction et au mépris du parquet, juridiction de la poursuite pour laquelle il instruit, et du doyen, administrateur du tribunal», a précisé ce rapport.
Parallèlement, le CARDH a salué les efforts de la justice américaine qui, dit-il, fait de grandes avancées dans son enquête. Rodolphe Jaar, un des 11 suspects détenus aux États-Unis, a été condamné à perpétuité le 2 juin 2023. Le procès des autres suspects est programmé pour le mois de mai 2024.
En ce sens, le CARDH a réitéré son appel pour un tribunal international dans le cadre de ce magnicide. «Tenant compte des limites de la justice haïtienne (problèmes politiques, de procédure, de sécurité, de compétences…) fragilisée davantage par l’enquête de la justice américaine, une autre famille juridique (Common Law) disposant d’une grande machine pour exercer ses compétences extraterritoriales, le dossier de l’assassinat du président Jovenel Moïse devrait être traité par un tribunal spécial ou une chambre spéciale pour une justice efficace. C’est une obligation de la coopération internationale découlant de la morale et de la solidarité internationales», a renchéri l’organisme de défense de droits humains se fondant sur le caractère transnational de ce crime odieux.
HEN
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