Le bureau intégré des Nations unies en Haïti (BINUH) dit s’inquiéter des conditions de détention qui s’aggravent de jour en jour dans les prisons haïtiennes. Dans une tribune publiée le 11 aout, il a fait état d’au moins 97 décès recensés dans les prisons depuis le début de l’année et un nombre élevé de malnutris. Le BINUH a dressé un sombre tableau de situation des prisons en Haïti.
La capacité d’accueil des prisons est dépassée alors que le nombre de détenus ne cesse d’augmenter. «Le système carcéral en Haïti est saturé. Le taux d’occupation dans les quatre prisons principales du pays est de 401%, soit quatre fois leur capacité maximale. En conséquence, les détenus ne disposent que de 0,24m2 pour survivre, guère plus quela surface d’une chaise», a décrit le BINUH, indiquant qu’un État de droit n’existe que s’il permet à chacun de ses citoyens, y compris ceux qu’il place en détention, de vivre dans la dignité.
En ce sens, dit-il, il est crucial d’inverser le cours des choses avant que la situation n’empire encore. Outre les problèmes d’espace, les prisons font aussi face à une pénurie majeure de nourriture, de produits et matériels médicaux, a rapporté le BINUH, précisant que c’est à peine si un repas leur est servi par jour et ceux qui le peuvent doivent compter sur la solidarité de leurs proches pour manger.
«Dans de telles conditions, le nombre de décès au sein des prisons augmente de manière alarmante : depuis le début de l’année, il y en a eu 97 dont 20 au cours du mois de juin, et la santé de l’ensemble des détenus est à risque. La malnutrition était un facteur déterminant pour cinq parmi les détenus décédés. À titre d’exemple, à la prison de Cap-Haïtien, 84 détenus sont en état de malnutrition avancé. Ils sont apparus sur une vidéo choquante diffusée début juillet sur les réseaux sociaux et chacun a pu constater avec horreur les conditions insalubres dans lesquels ils sont maintenus», a écrit la mission onusienne en Haïti.
La détention préventive prolongée serait à la base de cette situation si l’on croit les propos du BINUH informant que bon nombre de détenus sont incarcérés sans jugement depuis plus de trois ans pour un délit mineur tandis que d’autres attendent depuis près de 10 ans. Malheureusement, les projections font état d’un accroissement constant de la population carcérale et anticipent un taux de détention préventive prolongée dépassant 84% d’ici la fin de l’année, a ajouté le BINUHqui avoir déjà tiré la sonnette d’alarme l’année dernière autour de ce dossier.
Ces conditions de détention, dit-il, sont inacceptables et soulèvent de vives inquiétudes du point de vue des droits humains. En plus du manque criant de nourriture au sein des prisons, l’accès des détenus aux soins médicaux est quasi-inexistant. Il n’y a qu’un médecin pour 1 016 détenus et les livraisons de médicaments sont rares et limitées, a dénoncé le BINUH.
«Les détenus dépendent entièrement des soins offerts par les organisations caritatives. Dans ces circonstances, les conditions de détention sont en elles-mêmes considérées comme actes des mauvais traitements, voire de la torture», a précisé le bureau onusien qui dit se tenir aux côtés des autorités nationales et les appuie dans la mise en œuvre de solutions immédiates pour répondre aux défis de la surpopulation carcérale et ses conséquences, ainsi que d’une stratégie durable de lutte contre la détention préventive prolongée.
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